Licenciement pour faute grave et transaction

Une indemnité transactionnelle de 5 000 € n’est pas dérisoire dans le cas d’une transaction conclue pour mettre fin au litige concernant un licenciement pour faute grave

Un salariĂ© a Ă©tĂ© licenciĂ© pour faute grave en raison de plusieurs griefs qui lui Ă©taient reprochĂ©s dans la lettre de licenciement : contrĂ´le qualitĂ© insuffisant, voire inexistant, conduisant Ă  des incidents rĂ©pĂ©tĂ©s, comportement attentiste au quotidien en dĂ©pit des mises en garde multiples, rappels Ă  l'ordre quant au respect des dĂ©lais et au contrĂ´le qualitĂ© sans modification du comportement du salariĂ©, nĂ©gligence et manque d'implication du salariĂ©.  

Suite à la rupture de son contrat de travail, l’employeur et le salarié avaient conclu une transaction pour mettre fin à leur litige. En contrepartie du versement au salarié d’une indemnité transactionnelle d’un montant de 5 538 €, le salarié renonçait à une action en justice devant le conseil de prud'hommes concernant le bien-fondé de son licenciement.

Mais ensuite, le salariĂ© avait demandĂ© l'annulation de cette transaction et le versement des diverses indemnitĂ©s (indemnitĂ©s compensatrice de prĂ©avis et de congĂ©s payĂ©s, indemnitĂ© contractuelle de licenciement et une indemnitĂ© pour licenciement sans cause rĂ©elle et sĂ©rieuse) car il estimait que la concession de l’employeur Ă©tait inexistante : le montant de l’indemnitĂ© transactionnelle qui lui a Ă©tĂ© versĂ©e Ă©tait dĂ©risoire par rapport au salaire mensuel qu’il percevait (l’indemnitĂ© ne reprĂ©sentait que 0,8 mois de son salaire fixĂ© Ă  plus de 6 000 € par mois)  et Ă  l'indemnitĂ© Ă  laquelle il pouvait prĂ©tendre devant les prud’hommes.

La Cour de cassation a rejetĂ© sa demande en dĂ©clarant que l'indemnitĂ© allouĂ©e au salariĂ© ne pouvait ĂŞtre qualifiĂ©e de dĂ©risoire au regard de l'alĂ©a existant au moment de la signature de la transaction. Elle a considĂ©rĂ© que les concessions faites par les parties dans la transaction Ă©taient rĂ©ciproques : le salariĂ© renonce Ă  son droit d’intenter une action en justice contre son employeur concernant le bien-fondĂ© de son licenciement en contrepartie du versement d’une indemnitĂ© alors que son licenciement pour faute grave le prive de toute indemnitĂ© de licenciement. La transaction conclue est donc valable.

Dans le cas d’une transaction, les juges n’ont pas à examiner le caractère réel et sérieux du licenciement ni à se prononcer sur le comportement fautif ou non du salarié car un examen approfondi des éléments de fait et de preuve aurait pour conséquence de méconnaître l'autorité de la chose jugée par la transaction. Les juges doivent seulement vérifier qu’il existe bien des concessions réciproques (de la part de l’employeur et de celle du salarié) dans la transaction à la date de sa signature, compte tenu des circonstances, et qu’elles ne sont pas dérisoires ou inexistantes.

  

Source : Cass. soc. 20 dĂ©cembre 2017 n° 16-23026  

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